L'institution

Cérémonie de commémoration du 11 novembre 1918 - Samedi 11 novembre 2017

Mise à jour le 16/11/2017
Discours tenu lors de la Cérémonie de commémoration du 11 novembre 1918
Le Samedi 11 novembre 2017 à la Mairie du 5e arrondissement.
Mesdames et Messieurs les élus,
Mesdames et Messieurs les représentants du monde combattant et porte-drapeaux,
Mesdames et Messieurs,
Le 11 novembre 1918, à 5h10 du matin, dans un wagon isolé en pleine forêt de Compiègne, l’armistice était signé. A 11h, les cloches sonnaient dans toute la France pour célébrer la fin d’une guerre totale dévastatrice, dont nul n’a été épargné.
Du seul côté français, on déplore 1 million 500 000 militaires tombés au champ d’honneur, des centaines de milliers de veuves et des orphelins, 300 000 civils tués, 15 000 « gueules cassées », un million d’invalides. On pourrait multiplier les statistiques : elles sont autant de traductions de l’horreur.
Cette année, nous commémorons le centenaire de 1917, année qui marque un tournant majeur dans le conflit, avec l’entrée en guerre des Etats-Unis et la fin du front russe – la Russie étant engagée dans des bouleversements ô combien tragiques. Cette entrée en guerre des Etats-Unis, symbolisée par le retentissant « La Fayette nous voilà ! » du Général Pershing à son arrivée en France, va écrire un chapitre fondateur dans l’histoire de l’amitié franco-américaine.
1917 est également marquée par la terrible offensive du Général Nivelle sur le Chemin des Dames. Après 5 mois de combat dans les tranchées, 190 000 morts ou blessés du côté français, 160 000 du côté allemand, le front reste inchangé. Pendant longtemps, on ne célébra pas cette bataille du Chemin des Dames, puisqu’elle incarnait une défaite stratégique et qu’elle fut le théâtre des mutineries les plus importantes. Nous sommes désormais sortis du silence et nous rendons hommage à ceux qui sont tombés sur la terre de Craonne et de Cerny-en-Laonnois.
Se souvenir de ces sacrifices inimaginables est d’abord le signe d’une immense reconnaissance pour ceux qui sont, pour beaucoup d’entre nous, nos grands-parents ou arrières grands-parents. « Le bourreau tue toujours deux fois, la seconde par l’oubli » écrit Elie Wiesel. Si cette guerre fut le bourreau de tant d’hommes et de femmes, alors épargnons-leur la condamnation du temps et souvenons-nous des victimes.
Ne pas oublier. Le devoir de mémoire nous y oblige. Et comme le rappelait Simone Veil, elle qui fut plus que tout autre, victime, témoin et acteur de l’histoire, il n’y a pas de mémoire sans transmission.
Preuve de cette transmission vivante, nous avons la chance d’accueillir parmi nous des élèves de l’école élémentaire Buffon et du collège Raymond Queneau. Chers enfants, chers adolescents, je vous remercie vivement de votre présence et surtout de votre participation à cette cérémonie. Six d’entre vous liront tout à l’heure des lettres émouvantes de poilus ou de leurs proches. Derrière la chronologie de la guerre, le nom des batailles et des généraux, l’histoire est avant tout une histoire humaine. « Ce ne sont pas des soldats : ce sont des hommes » écrit Henri Barbusse dans Le Feu.
Transmettre, c’est aussi nous prémunir des affres de l’histoire, « ne pas oublier que l’Histoire est tragique » a dit Raymond Aron. Aujourd’hui, le tragique resurgit sur notre territoire et prend le visage de la barbarie et du fanatisme. Ces puissantes forces de désintégration, plus que jamais à l’œuvre dans la société française, nous enjoignent à toujours raviver la flamme des valeurs qui animent la France depuis des siècles.
Le souvenir des victimes de la Grande Guerre, comme de tous les drames que connaît notre pays, est bien plus qu’un simple retour sur le passé « Ce que les morts nous demandent, ce n’est pas de les plaindre, mais de les continuer (…) Ce qu’ils attendent de nous, ce n’est pas un sanglot, mais un élan », écrivait Pierre Brossolette en 1943. Résister face à tout ce qui menace de fracturer la République, telle est l’une des leçons que nous devons transmettre aujourd’hui.
Florence BERTHOUT
Maire du Ve arrondissement
Conseillère régionale d’Île-de-France

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