Dénomination du Square Samuel Paty, Place Paul Painlevé
Actualité
Mise à jour le 12/10/2021
Intervention de Florence BERTHOUT, maire du 5e au Conseil de Paris du mardi 12 octobre 2021
Dans quelques instants, le Conseil de Paris
décidera d’attribuer le nom de Samuel Paty au joli square de la Place Paul-Painlevé
dans le 5ème arrondissement à quelques mètres de la Sorbonne, à
côté de la rue des Écoles et du Musée Cluny, au cœur du quartier Latin qui a vu
naitre la première université gratuite, le premier livre écrit en français,
berceau historique et intellectuel des grands combats idéologiques qui ont
forgé notre démocratie. Ces combats ont nourri le paradoxe apparent qui a
façonné notre singularité française : respect absolue de la dignité de
chacun, mais aussi défense -également
absolue- de la liberté de penser et d’expression.
Je crois profondément, que l’école de la
République, telle que Samuel Paty l’a pratiquée et l’a portée haut, est toute
entière contenue dans cette singularité qu’il a incarné jusqu’au sacrifice
suprême.
Si nous décidons d’attribuer le nom de Samuel
Paty au petit square de la place Paul-Painlevé, ce n’est pas uniquement parce que
l’enseignant passionné qu’il était a été atrocement assassiné, le 16 octobre
2020, par un terroriste islamiste.
Ce n’est pas seulement parce que cet acte
d’une violence inouïe, bestiale, rappelant les heures les plus sombres de notre
histoire, touche un enseignant.
Si nous attribuons le nom de Samuel Paty à un
lieu symbolique entre tous, c’est parce que Samuel Paty est le visage mutilé de
notre République laïque, une et indivisible. Et cette République doit renaître
à chaque seconde, chaque minute, chaque heure, chaque jour, dans les salles de
classe de toutes nos écoles !
Il n’y a pas République sans l’armée
pacifique de ces centaines de milliers d’enseignants qui forment inlassablement
les citoyens d’aujourd’hui et de demain, et qui luttent contre l’ignorance. Car
l’ignorance est un puits sans fond qui alimente la peur de l’altérité et la
haine de l’autre.
Je suis fière et très émue que ce soit
désormais le square Samuel Paty qui accueille dans le 5ème, le
monument-fontaine dédié au recteur Octave Gréard, l’un des pères fondateurs de
l’instruction publique, « premier instituteur de France » comme le
nommait Jules Ferry, Octave Gréard qui contribua à féminiser l’accès au
secondaire et à l’enseignement supérieur et qui ouvrit aux institutrices, les
écoles normales.
Je suis fière et émue que ce soit désormais dans le square Samuel Paty que repose la statue de Montaigne, ce « sage pour les gens ordinaires » comme le désignent certains philosophes, Montaigne qui nous invite à appréhender la complexité et à toujours garder à bonne distance ceux qui croient posséder la vérité absolue et incontestable.
La présence de Montaigne nous rappelle aussi
combien la liberté pédagogique, tout particulièrement cette liberté-là, ne peut
souffrir d’aucun compromis. Oui, comme l’a dit Souad Ayada, Présidente du
Conseil supérieur des programmes de l’Éducation nationale, le choix des moyens
d’enseigner appartient aux professeurs !
J’espère que dans une sobre unanimité, chacun
dans cet hémicycle approuvera le choix
porté porté par la Ville et la famille de Samuel Paty, avec mon total soutien, de
donner le nom de ce professeur sacrifié à un lieu emblématique du 5ème
arrondissement.
Par ce geste symbolique, nous soutenons les
enseignants de France. Nous leur disons que nous sommes avec eux et que nous
ferons tout pour les protéger et les défendre. Nous leur témoignons également
notre immense gratitude et notre indéfectible reconnaissance.