Soutien à Beyrouth

Actualité

Mise à jour le 01/10/2020

Le 4 août, à 18h08 une double explosion dans le port de Beyrouth à dévasté une grande partie de la ville, faisant plus de 190 morts, 6 500 blessés et 300 000 sans abri. Une catastrophe qui met à genoux un pays au bord de la ruine.

Soutien aux Libanais

Après l’explosion, la Mairie du 5e, avec l’antenne locale de la Croix-Rouge, a installé une urne à l’accueil pour récolter les dons ainsi qu’un cahier de condoléances pour témoigner de notre amitié aux Libanais. D’autres initiatives complètent celle-ci :
- Une collecte de médicaments à destination du Liban est en préparation par le Colif et le comité franco-libanais de l'arrondissement en partenariat avec la mairie du 5e et des pharmaciens de l'arrondissement ;
- Action de la Région et de son collectif présidé par Patrick Karam ”d’Élus engagés pour la reconstruction de Beyrouth “, notamment des équipements publics et de logements, en lien avec l’association humanitaire ACTED* ;
- Tenue d’un stand par le Conseil des Libanais de France « Colif » lors du Forum des Associations du 5e des 9 et 12 septembre ;
Retrouvez ci-après un article écrit par Sylviane Moukheiber, Journaliste - ex-chef du service Documentation Écrite de l’Information de TF1, habitante du 5e arrondissement et membre de la communauté franco-libanaise

L’apocalypse à Beyrouth

Tout à commencé vers 17h50 par un incendie dans le hangar numéro 12
Une énorme fumée grise s’élève dans le ciel, entraînant une première déflagration, due, comme va le confirmer l’enquête, à la présence de produits chimiques et de matériaux explosifs. Soudain, un gigantesque champignon violet apparaît, immédiatement suivi d’une deuxième déflagration d’une violence inouïe, qui va souffler la ville. 2750 tonnes de nitrates d’ammonium, entreposés sans précautions depuis 2014, viennent brutalement de prendre feu.
« On a cru à une explosion nucléaire, c’était Hiroshima » témoignaient choqués, des libanais rescapés du drame. L’onde de choc était tellement puissante, qu’elle a été ressentie jusqu’à Chypre, à 260Km de là. En quelques minutes, le paysage n’était plus que destructions et désolation. Maisons effondrées, façades d’immeubles soufflées, éventrées, vitres brisées, voitures tordues, blocs de béton arrachés, gravats et tôles jonchent les rues. Blessés, hébétés, le visage et le corps en sang, les habitants qui tiennent encore debout, errent à la recherche de dispensaires pouvant les soigner. Les trois principaux hôpitaux de la ville ont été dévastés, et ne peuvent plus fonctionner.

Ces scènes d’apocalypse sont filmées et retransmises au monde entier horrifié. Des ambulances toutes sirènes hurlantes, sillonnent la ville. C’est la panique, des hommes couverts de poussière, portent des blessés en courant. Le système-D s’est mis en place, pour palier l’état corrompu et défaillant, qui une fois de plus, a brillé par son absence. Fort heureusement, les habitants de ces quartiers à majorité chrétienne, Achrafieh, Gemmayzé,
Mar Mikhael, vont s’entraider pour réparer, soigner, et sauver des vies, Ce seront eux les véritables héros de cette catastrophe annoncée. On les as vus, jeunes et moins jeunes, s’organiser pour déblayer eux mêmes les rues, réparer des fenêtres et des portes, distribuer des paniers repas ou des médicaments de première nécessité aux victimes de cette tragédie.
Colère des libanais exténués
Mais après la terreur, et les questions sans réponses face à l’incurie de la classe politique, place à la colère. Cela fait près d’un an que le pays vit une véritable descente aux enfers. Une crise économique sans précédent, un chômage massif, une hyperinflation, un état en faillite, avec plus de 92 milliards de dettes, soit plus de 170 % de son PIB. Les banques n’ont plus de liquidités, les avoirs en dollars des libanais sont bloqués, et les retraits en livres libanaise limités. La vie est devenue terriblement difficile, plus de 50% de la population vit en dessous du seuil de pauvreté. A cela s’ajoute, la crise sanitaire engendrée par la pandémie du Covid-19, avec un nombre de contaminations exponentiel, et des hôpitaux déjà proches de la saturation. Le 6 août, Emmanuel Macron est au port, devant le cratère de 43 mètres de profondeur causé par l’explosion. Il est le premier chef d’état à se rendre sur place, pour soutenir la population libanaise endeuillée, et apporter l’aide de la France. Les relations entre les deux pays sont séculaires. Ancien pays mandataire, la présence des chrétiens d’Orient, et la Francophonie, dont autant de raisons pour maintenir les liens.

Le président, dans les rues défoncées de Beyrouth, doit faire face à une population qui réclame vengeance contre ses dirigeants, parle avec chaleur et empathie, prend affectueusement dans ses bras une jeune fille désorientée, promet un soutien matériel et moral inconditionnel de la France. Il rencontre aussi l’équipe au pouvoir honnie, impose un calendrier de réformes, condition sine qua non pour obtenir l’aide financière, et promet de revenir quelques semaines plus tard.

Des rapports ont alerté sur la dangerosité des stocks de nitrate d’ammonium
Face à l’urgence de la situation, le 9 août, organisée par le président français et l’Onu, une conférence internationale de donateurs, récolte 250 millions d’euros, avec pour condition leur transfert aux ONG, et l’efficacité et la transparence de leur utilisation.

Le gouvernement de Hassan Diab démissionne, le peuple exige des sanctions, et voir tomber des têtes. Il ne veut plus du système politique, confessionnel et clanique, réclame la laïcité, et une nouvelle équipe dirigeante de technocrates.

Le Hezbollah, parti chiite à la solde de l’Iran est aussi montré du doigt. Les critiques se multiplient sur sa mainmise sur tous les rouages importants du pays, comme le contrôle de certaines zones du port. A-t-il utilisé ces matières dangereuses stockées dans l’entrepôt pour fabriquer des armes ? Une certitude, plusieurs rapports ont alerté à maintes reprises, les différents ministères, sur la dangerosité au cœur de la ville, de ces produits stockés.

Le président Michel Aoun était lui aussi informé, personne n’a bougé
Comme promis, Emmanuel Macron est revenu au Liban le 1er septembre. Il a imposé une feuille de route au nouveau premier ministre Moustapha Adib, et à son équipe en formation, exigeant impérativement des réformes en échanges de l’aide financière internationale. Les besoins sont énormes, la Banque Mondiale a estimé l’impact économique de l’explosion du port de Beyrouth à 8 milliards de dollars.

Sans illusions sur l’aboutissement de l’enquête, aujourd’hui le Liban est au fond du gouffre, mais toutes ces mains tendues ont peut-être redonné une lueur d’espoir à ce peuple meurtri, qui voit sa jeunesse prendre le chemin de l’exil.
Sylviane Moukheiber, Journaliste - ex-chef du service Documentation Écrite de l’Information de TF1.