Retour sur la cérémonie du 11 novembre
Évènement
Mise à jour le 13/11/2020
En raison du confinement, la cérémonie du 11 novembre s'est tenue à huis clos dans la cour d'honneur de la mairie du 5e arrondissement. Elle a été retransmise en direct sur internet.
Le discours de la Maire, Florence Berthout
Dans
son ouvrage Ceux de 14, l'écrivain Maurice Genevoix (1890-1980) livre
un témoignage saisissant sur l'enfer des tranchées et rend un hommage
vibrant à ses frères d'armes.
Discours de Florence BERTHOUT, Maire du 5e
arrondissement
Commémoration de l’Armistice du 11 novembre 1918
Mercredi 11 novembre 2020
Monsieur
le Député,
Madame
l’Adjointe à la Maire de Paris,
Monsieur
le Conseiller de Paris chargé du Monde Combattant et de la Mémoire et de la
Culture,
Mesdames
et Messieurs les représentants des associations d’anciens combattants,
Mesdames et messieurs les élus et les administrés
qui suivez à distance cette cérémonie,
Cette commémoration a des accents
particuliers en raison du confinement, et vous me permettrez
à l’ouverture de cette cérémonie, d’avoir une pensée, en mon nom personnel et
au nom des élus du conseil d’arrondissement, pour tous ceux qui sont malades,
ceux qui accompagnent les leurs, ceux qui ont perdu des proches.
J’y associe un immense sentiment de
reconnaissance pour tous les soignants, pour tous les bénévoles, tous ceux qui
sont aux côtés de ceux qui souffrent.
Nous sommes devant la salle du Souvenir,
momentanément occupée pour faire des tests, et adossée à un centre ambulatoire où
une cinquantaine de soignants, médecins généralistes, spécialistes, professions
paramédicales se succèdent. Nous leur exprimons aussi notre immense reconnaissance.
Nous sommes dans une cérémonie à huis clos, et
je dirai que, d’une certaine façon, le calme du confinement répond
paradoxalement au souvenir de la fin du
tumulte des combats.
On comprend peut-être encore plus
singulièrement aujourd’hui, l’étrange impression qui a dû saisir les
combattants le matin du 11 novembre 1918.
Le silence, entrecoupé de certaines cloches
d’églises, de la sonnerie des clairons. Mais le silence, le silence après
quatre années de guerre totale, où nul ne fut épargné – 10 millions de morts, 6
millions de blessés, des millions de victimes civiles, des veuves, des
orphelins et puis cet étrange défilé des Gueules Cassées, rescapés d’une guerre
dont les héros, quatre années durant, ont rampé dans la boue des tranchées, de
la Marne, de la Somme, de Verdun.
Démobilisés, ces soldats rentrent chez eux et doivent
réapprendre à vivre, profondément marqués dans leur chair, dans leur esprit par
tous les sacrifices consentis et dont la grande guerre a été le théâtre.
Ceux qui survivent à cette tuerie se taisent
dans leur immense majorité, parce qu’ils ont le sentiment d’avoir accompli leur
devoir et que le devoir est muet. Ils se taisent aussi peut-être, parce qu’ils
ont le sentiment qu’ils ne seraient pas entendus. Oui, c’est une génération qui,
à bien des égards, a été une génération sacrifiée.
Quelques-uns
pourtant vont se faire le portevoix de ces soldats – Henri Barbusse, qui a donné son nom à une de
nos rues du 5e arrondissement, Roland Dorgelès, Ernst Jünger et bien d’autres.
Un grand écrivain entre tous, creva la chape
de plomb qui recouvrait déjà ces ombres errantes et ce grand écrivain, c’est
Maurice Genevoix. Dans quelques heures,
comme l’a voulu le Président de la République, Maurice Genevoix entrera à quelques
pas de cette cour - qui portera bientôt le nom de Jacques-Chirac, au Panthéon.
Il entrera au Panthéon avec Ceux de 14. Car
Genevoix, est l’écrivain qui, pour reprendre la belle formule de Joseph Conrad,
« qui fait entendre, qui fait voir, qui fait sentir » la Grande Guerre.
Il dit la réalité que lui-même a connue pendant huit mois, d’août 1914 à avril
1915, date à laquelle il est démobilisé en raison de ses blessures.
Mais, il dit aussi et surtout, la vérité, la
réalité de ces millions de héros anonymes qui sont à nouveau honorés, après la
flamme du soldat inconnu, en entrant au Panthéon et ce n’est que justice.
Cette réalité, c’est la bataille de la Marne,
de la marche sur Verdun, des Éparges, de la tranchée de Calonne, jetant
pêle-mêle dans un même effroi les combattants, les animaux, les civils.
Qu’ont donc de si singulier les mots de
Maurice Genevoix ? Je laisse la parole à un autre écrivain, Michel Bernard,
qui en a magnifiquement parlé : « Genevoix écrit du fond de la
détresse humaine. Il y a plein de Piéta dans Ceux de 1914. On se penche sur les agonisants, les blessés et les
morts avec effroi, sollicitude, compassion, consolation. Souvent ils meurent la
tête sur les genoux de leurs frères d’armes ou contre eux. »
L’entrée de Maurice Genevoix et de Ceux de 14 est aujourd’hui plus que jamais un symbole fort en ces temps d’incertitude et
de détresse pour beaucoup d’entre nous. Elle nous rappelle que c’est bien
l’esprit de responsabilité et le courage individuel et collectif, qui permettent de
venir à bout et de surpasser les crises.
Alors que notre pays est une nouvelle fois meurtri
par le terrorisme islamiste, ce symbole prend tout son sens. Je pense avec vous
aux victimes des ignobles attentats de ces dernières semaines, Samuel Paty ce
professeur héroïque à Conflans-Sainte-Honorine, mais aussi Nadine Devillers,
Simone Barreto-Silva, Vincent Loquès, victimes dans la Basilique Notre-Dame de
Nice.
Nous devons réaffirmer collectivement notre
foi totale dans les valeurs universalistes qui font notre pacte républicain et
la grandeur de la France. Ces valeurs, c’est à nous tous de
les transmettre, c’est une des raisons pour lesquelles j’ai demandé à ce que le
portrait de Maurice Genevoix rejoigne les fresques réalisées par le grand
artiste C215 qui jalonnent notre arrondissement. Le site choisi par C215 à ma
demande n’est pas neutre, c’est celui d’une école rue de la Parcheminerie.
Le Général De Gaulle qui nous a quitté il y a
50 ans, disait de notre peuple qu’il était une « houle vivante, dans le
soleil, sous le tricolore ». Cette commémoration, qui nous réunit
aujourd’hui partout en France rappelle cette grandeur, cette houle vivante,
dans le soleil, sous le tricolore. Elle rappelle cette grandeur construite
autour de la Liberté, de l’Égalité et de la Fraternité.
Vive la République,
Vive la France.
Retrouvez la cérémonie du 11 novembre en vidéo -> https://youtu.be/RigrA0DCeWU
L'hommage à Maurice Genevoix à l'occasion de sa panthéonisation
Dans son ouvrage Ceux de 14, l'écrivain Maurice Genevoix (1890-1980) livre un témoignage saisissant sur l'enfer des tranchées et rend un hommage vibrant à ses frères d'armes.
À l’occasion de la Panthéonisation voulue par le Président de la République, l’artiste C215 a réalisé le portrait de Maurice Genevoix sur le mur mitoyen d’une école de la République et d’une résidence seniors, 15 rue de la Parcheminerie.
Maurice Genevoix rejoint ainsi le Parcours des Illustres initié en 2018 dans le 5e à la demande de la Maire d’arrondissement, Florence Berthout, et du Panthéon.
À travers ses œuvres, C215 livre une lecture universaliste de l’histoire de ces Illustres dont les noms sont aujourd’hui associés à des rues, des places ou comme pour Maurice Genevoix, à une panthéonisation. En installant cette grande figure littéraire dans l’environnement urbain, l’artiste invite à plonger dans les destins extraordinaires de personnalités qui ont, par leurs actions, incarné le destin de la France.
L’entrée au Panthéon de Maurice Genevoix célèbre également, à titre collectif, « ceux et celles de 14 » et rend hommage à « l'armée victorieuse » de la Grande Guerre.