La Mairie du 5e : un patrimoine vivant au cœur de Paris
Dossier
Mise à jour le 12/08/2025
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Située place du Panthéon, la mairie du 5e arrondissement est l’une des plus remarquables mairies d’arrondissement de la capitale.
Riche de près de deux siècles d’histoire, elle s’apprête à franchir une étape décisive : son classement au titre des Monuments historiques, porté avec détermination par sa Maire, Florence Berthout. Mais loin de se figer dans son passé glorieux, ce monument vit avec son temps, en accueillant de nouveaux services et initiatives innovantes pour répondre aux besoins des habitants.
Un édifice d’exception au cœur d’un ensemble urbain emblématique
L’histoire de la mairie du 5e est intimement liée à la grande composition urbaine imaginée au XVIIIe siècle autour de l’église Sainte-Geneviève, futur Panthéon. Dès 1748, l’architecte Jacques-Germain Soufflot conçoit une esplanade monumentale encadrée par deux bâtiments symétriques. Si seule l’École de droit voit le jour à l’époque, sa « jumelle » ne sera construite qu’un siècle plus tard, pour devenir la mairie actuelle.
L’édifice, conçu entre 1844 et 1865 par Jean-Baptiste Guénepin puis Jacques-Ignace Hittorff – célèbre pour la Gare du Nord –, est un parfait exemple d’architecture néoclassique : une façade à quatre colonnes ioniques, un large fronton triangulaire non sculpté, et un ordonnancement rigoureux qui dialogue avec le Panthéon voisin.
Une vitrine Art déco unique à Paris
Si la façade néoclassique impressionne, c’est à l’intérieur que la mairie du 5e déploie toute sa richesse. Entre 1923 et 1930, sous l’impulsion du maire Paul Pierrotet, l’architecte Ferdinand Glaize repense en profondeur le bâtiment. Il y intègre le style Art déco, alors à son apogée : motifs géométriques, grandes verrières, boiseries, lustres en perles de verre…
Des artistes majeurs tels qu’Henri Martin, Gustave-Louis Jaulmes ou Léon-Laurent Galand y ont laissé leur empreinte, faisant de la mairie du 5e un haut lieu de l’art décoratif parisien.
L’escalier d’honneur, décoré par le ferronnier Raymond Subes, est un chef-d’œuvre en soi. Les salles des Fêtes, des Mariages et Pierrotet mêlent fresques monumentales, peintures allégoriques, et mobilier emblématiques du style Art déco.
Depuis 1930, la mairie du 5e arrondissement abrite également treize des quatorze statues de travailleurs qui ornaient la Cour des Métiers, créée pour l’Exposition internationale des arts décoratifs de 1925, qui a consacré le style Art déco.
Un classement attendu et mérité
Après des années de démarches, le classement de la mairie du 5e au titre des Monuments historiques est en passe d’être officialisé. La Commission régionale du patrimoine d’Île-de-France a donné son feu vert à l’unanimité fin 2023, et le Conseil d’arrondissement a voté la délibération défendue par Florence Berthout en juillet 2025. La décision finale reviendra à la Commission nationale du patrimoine et de l’architecture, attendue à l’automne.
Ce classement permettra à la mairie de bénéficier d’aides financières de l’État, couvrant jusqu’à 40 % des travaux de restauration, tout en garantissant la protection de ses éléments les plus remarquables : façades, toitures, cour intérieure, salles d’apparat…
Un patrimoine en constante évolution, ouvert sur la ville
« Il est essentiel que le patrimoine que nous recevons reste vivant, ouvert sur la ville et sur les besoins des habitants », souligne Florence Berthout. Fidèle à cette vision, la Maire du 5e a engagé une profonde transformation des usages du bâtiment, sans jamais renier son histoire.
Depuis 2018, la mairie accueille l’Agora Jacqueline de Romilly, un espace polyvalent dédié au spectacle vivant, aux conférences et aux projections. En 2020, elle a ouvert un guichet unique qui simplifie les démarches administratives des habitants. L’année suivante, une épicerie solidaire pour les étudiants a vu le jour : Epi'Sol propose des produits à 20 % de leur prix, grâce à l’engagement de bénévoles.
Le bâtiment abrite aussi la Maison des droits et de la famille (permanences juridiques, médiation, écoute), la Maison des aidants (lieu de répit pour les proches de personnes dépendantes), ainsi que le Foyer Geneviève de Gaulle-Anthonioz (accueil de femmes en grande précarité). Enfin, en 2022, la Villa Panthéon, première résidence d’artistes intégrée à une mairie parisienne, a ouvert ses portes pour accueillir écrivains et plasticiens en résidence.